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Archive for 4 juin 2011

The Bluest Eye (L’Œil le plus bleu). En 1970 histoire d’un jeune fille noire qui rêve d’avoir les yeux bleus. Dans cet itinéraire frustrant d’une fillette, les rapports familiaux sont inaccomplis et tragiques : le désir déçu de Pecola, privée d’amour maternel et violée par son père adoptif, s’asservit au regard des Blancs et la conduit au dédoublement de sa personnalité.

Sula paraît en 1973. Histoire de deux amies noires dans une ville de l’Ohio. Il obtient le National Book Critics Award À partir des différences entre les codes que chacun se donne et des transgressions qui y sont apportées, le roman montre la gloire et l’échec de l’individualisme et pose de multiples questions sur les rapports entre individu et communauté, entre hommes et femmes.

La chanson de Salomon en 1977, Chronique d’une famille noire, qui reçoit un prix.

Ce livre a recours au réalisme magique pour explorer les origines africaines quasi effacées et la quête de soi d’un adolescent à qui sa tante, Pilate, sert de guide.

Un bref résumé du roman pourrait laisser croire qu’il s’agit d’une fresque familiale – l’histoire de trois générations de Noirs-dont on suit l’évolution de la fin de la guerre de Sécession jusqu’au mouvement des droits civiques des années 1960.

Mais la convention est très vite battue en brèche. Aucune voix ne s’était élevée, avant celle de Toni Morrison, avec autant de puissance romanesque, pour exprimer le monde et la conscience des Noirs des États-Unis. Le héros du livre, surnommé « Le laitier » parce que sa mère l’a nourri au sein jusqu’à un âge avancé, et pourvu du nom patronymique  » Mort « , à cause d’une erreur de l’état civil, doit faire face à deux obsessions : tenter de découvrir ses origines en Virginie et essayer de s’envoler, tel un oiseau, vers l’Afrique.

Le Laitier, alias Macon Mort Jr, fils d’un homme d’affaires prospère du Michigan dont le père avait été tué, là-bas, par les Blancs, et qui, finalement, au terme d’une formidable chasse à l’homme, va accomplir son destin et s’envoler « chez lui », retrouver Salomon, l’ancêtre venu d’Afrique qui fut le premier esclave de la famille.

Tar Baby en 1981.

Jade, à la peau claire, qui va s’enfuir avec Tar Baby, l’homme sans nom à la peau de goudron, vers l’île des Chevaliers, non loin de Haïti, rechercher ces descendants d’esclaves qui ont perdu la vue dès qu’ils ont aperçu l’île et dont les enfants, lorsqu’ils atteignaient l’âge mûr, devenaient aveugles eux aussi.

« Ce qu’ils voyaient, ils le voyaient avec l’oeil de l’esprit, auquel, bien sûr, il ne faut pas se fier. « 

Beloved publié en 1987 est inspiré de l’histoire vraie d’une esclave évadée qui avait préféré tuer une de ses filles plutôt que de la voir retourner en esclavage chez son ancien maître. Prix Pulitzer

Beloved se donne pour ambition de dire la « part maudite » du passé américain, d’explorer les ténèbres de la réminiscence, afin d’affirmer une écriture et une perspective historique résolument noires. Au moyen des procédés narratifs les plus sophistiqués, le roman va retracer le passage de la relative quiétude de l’oubli aux affres de la « remémoration ».

Beloved se veut une incursion, par le biais de la mémoire, dans l’Histoire et dans des mythes et fantasmes que l’Histoire néglige ou rationalise. L’espace de la fuite peut devenir espace de liberté (celle d’une écriture qui donne la parole au sujet) comme espace de mort (celle qu’on reçoit ou que l’on donne pour fuir la servitude). Le récit discontinu marque le difficile passage entre esclavage et liberté. Le va-et-vient des personnages est non seulement une aventure, mais aussi une exploration initiatique.

Parodie, satire, dérision, exagération des stéréotypes viennent ici abolir les mythes de la domination occidentale. De nouveaux rituels doivent être inventés pour créer l’utopie : ceux des femmes du village qui exorcisent Sethe, ceux, également, d’une écriture qui se veut médiation entre l’oral et l’écrit, le rêve et le réel, le quotidien et le surnaturel. Elle combine pour cela les registres du réalisme et de l’imaginaire. Excentricités langagières, sobriquets, étrangeté des gestes, mystère des objets témoignent d’une existence autre. Le recours au grotesque est lui aussi un hommage à une tradition afro-américaine qui défie les préjugés.

Beloved obtient le prix Pulitzer pour la fiction. Ce livre essaie de restituer l’histoire afro-américaine dans une dialectique complexe de la mémoire et de l’oubli, établissant un dialogue avec la tradition des récits d’esclaves et montrant la transformation de l’image de la plantation. Le fantôme de Beloved, que sa mère a tuée par excès d’amour, revient solliciter l’affection de celle-ci et la complicité de sa sœur. Si l’amour est le chant qui traverse l’œuvre de Morrison – amour de « son peuple », foi en sa capacité d’aimer -, elle tente avant tout de rompre avec la culture du silence. Les révélations sont nombreuses dans une œuvre où le lecteur est invité à aller de l’observation extérieure à la compréhension intime. Ainsi seulement peut être perçue la complexité des situations et des actes (le meurtre de l’enfant par la mère, le viol de la fille par le père). Les résonances poétiques aident à suspendre le jugement et suggèrent une nouvelle éthique. D’autres rites doivent être inventés : ceux d’une écriture qui se veut médiation entre l’oralité et l’écrit. Toni Morrison croit à la puissance de la transgression du verbe pour réaliser une
révolution.

Paradise  est publié en 1998. L’histoire se passe (une fois de plus) dans une petite communauté, Ruby dans l’Oklahoma. Neuf hommes attaquent une ancienne école de femmes surnommée le “couvent”, maintenant occupée par des femmes qui fuient des maris ou des amants violents, des foyers malheureux ou un passé trouble.

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