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Nous fûmes 26 participants à cette très sympathique réunion dont l’ambiance chaleureuse et décontractée a permis je l’espère à chacun de s’exprimer. 14 pouvoirs d’absents nous ont été adressés, soit un total de 40 présents ou représentés, sur une cinquantaine de membres fréquentant les 4 groupes.

 On retiendra de cette séance animée les point suivants :

1. Le succès de l’intervention de Dominique Brunet, directeur de la Médiathèque, qui en a décrit avec éloquence le nouveau mode de fonctionnement : gratuité, simplification des procédures d’inscription et de prêt, élargissement des horaires d’ouverture laquelle se maintient pratiquement tout au long de l’année, prêt d’ouvrages jusqu’ici seulement destinés à la consultation (oeuvres de la Pléiade par exemple). Plusieurs de nos amis présents ont fait part de leur intention de ré-adhérer à la Médiathèque. La convergente possibilité des activités de LEASM et de la Médiathèque seront examinées prochainement.

2. La décision de pérenniser notre partenariat avec le Théâtre de Saint-Maur. Cette année, nous ne reconduirons pas le principe d’un débat similaire à celui que nous avions organisé en novembre 2011 sur Caligula, le jour de la représentation de cette pièce, en raison de l’importance du travail que cela implique. Cependant, notre partenariat va consister en la participation des membres de LEASM qui seront intéressés aux réunions préalables à certaines représentations, ces réunions étant organisées par le théâtre. Cette participation sera inspirée et gérée par un groupe-projet théâtre animé par Caroline qui comprend 7 membres. Vous y êtes les bienvenu(e)s.

3. Notre séance publique de l’automne 2012, qui présentera un couple livre – version cinématographique de cette œuvre. Plusieurs modalités ont été esquissées, le choix des oeuvres concernées pouvant être effectué à partir du dossier établi depuis plusieurs années par notre amie Jacqueline à la Médiathèque. Un groupe-projet cinéma de 14 membres a été constitué, nombre qui illustre l’intérêt pour cette initiative proposée lors de notre AG 2011 par Christiane animatrice du groupe 3.

4. Plusieurs décisions pratiques ont été prises, concernant :

  • l’ouverture à tous de la possibilité d’émettre des messages collectifs sur les mailing-lists de groupe, (mode d’emploi à préciser dans un futur message)
  • l’intervention de LEASM sur Facebook de manière à augmenter notre audience à partir du blog (opérations animées par Erica, notre web-mistress)
  • l’organisation de la circulation des livres achetés par les groupes au niveau de chacun d’eux dans le cadre d’un budget préalablement fixé, avec information simultanée du trésorier ainsi que le regroupement des livres achetés qui s’effectuera de façon centralisée, chez Erica qui a la gentillesse de nous prêter quelques planches de sa bibliothèque. Un appel au retour des livres déjà achetés sera lancé dans chaque groupe.

5. L’adoption à l’unanimité du rapport moral ainsi que du rapport financier présenté par notre trésorier Bernard et du montant de la cotisation 2013, soit 12 € sans changement

6. Last but not least, l’élection à l’unanimité de 3 nouveaux membres du bureau : Claude- Antonine (G3), Joëlle (G2), Martine (G1). BIENVENUE A VOUS TROIS !! Fabienne (G1) et Patrice (G2) ne se sont pas représentés à nos suffrages. Un grand MERCI à tous deux pour leur contribution importante à notre développement. Nous nous reverrons dans nos multiples rencontres. Nous comptons sur vos idées, vos conseils, et vos critiques pour l’avenir.

Billet rédigé par Claude

Editeur : Gallimard (30 septembre 2010)

Collection : Folio

Nous étions 7 autour de la table chez Marylise pour parler du livre : « D’autres vies que la mienne» d’Emmanuel Carrère.

Un survol de la biographie de l’auteur  nous apprend qu’il est né en 1957 et qu’il est le fils de la sociologue et académicienne Hélène Carrère d’Encausse.

Il est célèbre à la fois comme écrivain, scénariste et réalisateur de films.

Ses romans ont été souvent primés et celui dont nous parlons aujourd’hui a reçu les prix suivants :

  • 2009 : Prix Marie Claire du roman d’émotion, prix des lecteurs de l’Express et prix Crésus
  • 2010 : Globe de Cristal
  • 2010 : Grand Prix de littérature Henri Gal de l’Académie Française pour l’ensemble de son œuvre.

Pour résumer le tour de table : ce livre n’a laissé aucune lectrice indifférente !

Toutes se sont senties « concernées », « bouleversées », « dérangées » par cette lecture . Il a aussi été question du « courage » et de la « lucidité » des personnages.

Ce livre a été décrit aussi comme « collant à la réalité » et le terme de « mélo » n’a été admis que pour la première partie qui relate les dégâts matériels et humains d’un tsunami !

Pour la suite, certaines ont dit avoir été tentées d’ arrêter la lecture se sentant trop « concernées » mais toutes ont terminé le livre…sauf une (moi, qui n’ai pas pu dépasser les 30 premières pages…)

Hélène, Nicole et Anne-Marie B. ont pris du plaisir à cette lecture Cette dernière y a même vu une leçon d’ « optimisme » ce qui a donné lieu à une discussion passionnée !

Mais personne n’aurait envie de le relire…sauf peut-être Hélène F.

A part Anne-Marie M. qui n’a pas aimé le style, les autres ont parlé d’une écriture simple, facile, mais aussi juste, sobre et par là même bien adaptée au sujet.

A la fin de la séance, à la question de savoir si j’envisageais de reprendre la lecture de ce livre là où je l’ai interrompue…ma réponse a été : « peut-être »

Merci à Marylise pour son accueil et ses succulents cannelés

Billet rédigé par Sylvie

« Mon nom est rouge » – Orhan PAMUK

Editeur : Gallimard (avril 2003)

Collection : Folio

  • Langue : Français

Notre réunion du vendredi 3 février a réuni 5 membres (contraste avec celle du 6 janvier : 12 membres) Bernard, Dominique, Inge, Martine, et moi-même,

Elle a été consacrée au roman « Mon nom est Rouge » d’Orhan Pamuk, 1er écrivain turc prix Nobel de littérature (2006 ).

 1/ J’ai présenté la biographie de l’auteur, que Roger, absent pour raison médicale, avait préparée en se basant sur un texte de Deniz Sylvestre, journaliste, traductrice-interprète.

On en retiendra principalement l’importance de son père, francophile, homme de lettres « raté », qui, bien qu’ayant quitté sa famille pour la France a transmis à Orhan Pamuk sa bibliothèque et sa familiarité de la culture française. Autre point remarquable : son engagement en faveur d’une religion musulmane ouverte qui l’a amené par exemple à soutenir publiquement Salman Rushdie, ce qui lui a valu des ennuis avec la justice turque (qui lui avaient un temps fait envisager d’émigrer), heureusement effacés par le Nobel (voir en fichier joint son discours édité sous le titre la Valise de mon papa) .

Symboliquement, il a élu domicile sur une île du Bosphore entre Asie et Europe.

2/ Le débat sur  » Mon nom est Rouge » fut vif bien que finalement assez consensuel. A retenir :

– le sentiment commun d’un roman dont l’intrigue « policière » (la recherche de l’auteur de trois meurtres) n’est pas vitale dans l’intérêt de sa lecture. L’exotisme géo-historique (Turquie de la fin du 16 ème siècle), l’évocation très précise, documentée et passionnante de la peinture des miniatures qui ornaient les manuscrits de l’époque, ainsi que du milieu des peintres et de la société turque ont été exprimés comme centres d’intérêt principaux.

Pour certains, la narration éclatée en 59 chapitres par 21 « personnages » (dont la Mort, le Rouge, le Diable … ) est originale, décoiffante et résolument moderne. Certains d’entre nous ont même comparé chaque chapitre à une miniature.

– Deux conceptions de la peinture s’affrontent de façon sanglante : l’une traditionnelle, issue de la Mongolie, transmise à la Perse, puis finalement à la Turquie est celle d’un univers pictural immuable, qui représente la vision du monde par Dieu. L’idéal du peintre est la perfection, sans aucune recherche de style ou de ressemblance avec la réalité. La deuxième, qui tente plusieurs peintres turcs, personnages de ce récit, vise à instaurer un certain rapport avec le réel (par exemple à travers des portraits), à l’exemple de l’art vénitien qui est porté par le dynamisme économique de cette cité.

Billet rédigé par Claude

Editeur : Points (mars 2001)

Nous étions onze pour parler de « Le pingouin » de AndreÏ Kourkov : Arlette, Antonine, Angelina, Nicole et sa belle-sœur Dominique, Danièle, Françoise B., Sybille, Jean, Kate, Françoise V.

Kate nous a présenté l’auteur, Andreï Kourkov. Il est né à Saint-Petersbourg en 1961, dans une famille communiste qui s’installe en Ukraine à Kiev. Il se passionne pour les langues, il en connaît neuf ! Lors de son service militaire à Odessa comme gardien de prison, il écrit des contes pour enfants. Devenu scénariste, il publie son premier roman en 1991, en le faisant imprimer lui-même.

C’est en 1997 qu’il rencontre le succès avec « Le pingouin ».

Derniers romans parus : « Le dernier amour du président » (2004)« Surprises de Noël » (2010).

Il vit désormais entre Londres et Kiev avec sa femme et ses trois enfants.

Kate nous a lu une interview parue en 2005 pour éclairer le personnage.

Le débat autour du livre fait apparaître que certains l’ont trouvé facile à lire, vite lu, sans intérêt littéraire, avec un style plat et même creux. D’autres ont apprécié sous l’ironie et l’apparente passivité de Victor, une manière sous-jacente de critiquer la société ukrainienne post soviétique, avec sa mafia, ses règles absurdes, le manque d’humanité et les contraintes sur les êtres.

Pour comprendre le personnage de Micha, le pingouin, voici une citation tirée d’une interview de Kourkov :

«… ce qui m’intéresse aussi chez le pingouin, c’est qu’il est incapable de vivre seul. C’est un animal collectif comme le Soviétique. Un pingouin seul est totalement désorienté. Il ne sait plus quoi faire ni où aller. Après la chute du communisme, chaque ex-Soviétique a dû apprendre l’indépendance, ce qui a été catastrophique pour une grande majorité d’entre eux. »

 Enfin Antonine nous a raconté, avec drôlerie, la suite de ce roman paru en 2004 en France : « Les pingouins n’ont jamais froid ».

Pour conclure, un roman diversement apprécié, mais dont nos échanges ont permis d’approfondir la portée.

 Billet rédigé par Danièle

 Citations tirées de : Lire été 2004 & Lire n° 106 oct 2005

Editeur : 10/18 (janvier 2003)

Collection : 10/18 Domaines étrangers

Nous nous sommes réunis ce vendredi 7 décembre pour parler du livre de Jörn RIEL : « Le jour avant le lendemain »

Nous n’étions que 7 participants dont Djeneba que nous accueillions pour la 1° fois.

Annie qui nous avait conseillé ce livre nous donne quelques éléments de la biographie de l’auteur : J. Riel est un écrivain Danois né en 1931 qui s’ engage dans les années 50 dans une expédition scientifique au Groenland. Il fait la connaissance de Paul Emile Victor. Il écrit une dizaine de volumes sur « les Racontars arctiques » (histoires sur la vie des chasseurs au Groendland) que Annie nous conseille vivement de lire.

Il a reçu le Grand Prix de l’Académie Danoise pour son œuvre. Il vit actuellement en Malaisie.

 Nous nous interrogeons sur la signification du titre « Le jour avant le lendemain » et sur le fait que ce soit un roman destiné aux enfants à partir de 9 ans.

 Le tour de table met en évidence 2 groupes distincts : ceux qui ont beaucoup aimé et ceux qui n’ont pas du tout adhéré au récit.

Le 1° groupe aime le style de la narration, le rapport que les personnages ont avec la nature, la lutte continuelle pour leur survie. Erica et Patrice parlent d’un » très beau livre »

L’autre groupe est plus mitigé : difficultés à entrer dans cet univers, images choquantes (surtout la fin), récit « documentaire ». Anne-marie n’a pas aimé du tout, a sauté certains passages.

Marie-Jeanne a un avis partagé: elle a eu du mal à entrer dans le récit mais a apprécié les rapports avec la nature et les animaux sauvages et reconnait des moments très forts dans le récit.

Faisant partie de ceux qui n’ont pas aimé mais à la lumière de tous les arguments de ceux qui ont apprécié … j’ai maintenant envie de relire le livre!

Ensuite nous avons dévié sur la vie actuelle dans ces pays nordiques au climat si difficile…

 Djeneba nous proposera un auteur africain une prochaine fois.

Pour notre séance de janvier il est prévu de lire « cet instant là » de Douglas Kennedy et nous devons nous retrouver chez Aline.

Billet rédigé par Sylvie

Bonjour à tou(te)s

Notre séance publique de samedi au Théâtre de Saint-Maur a réuni quelque 60 personnes, dont une vingtaine de membres, une douzaine de non-membres ayant exprimé le désir d’être informés de nos réunions.

Cette assistance était idéale pour la salle Radiguet du Théâtre 106 places.

A ce succès quant à l’audience (pour un débat qui, impliquait d’avoir lu le texte de la pièce), s’est ajoutée selon la plupart des participants – l’animateur n’est pas le mieux placé pour en juger- une appréciation favorable sur son contenu, due essentiellement à la prestation d’Eugène Kouchkine, à la fois d’une excellente pertinence et d’une grande proximité du public. Il nous a emmenés faire une promenade dans les vastes campagnes Camusiennes sur des chemins qu’il connaît parfaitement.

Nous nos sommes complètement écartés d’un schéma de départ dont nous pressentions que ce serait le cas. Cette performance a été introduite par l’évocation de la vie et de l’oeuvre de Camus par Martine R. (Groupe 1) et par le résumé qu’a fait de Caligula Danielle LeT. (Groupe 3). Cette séance a été préparée en plusieurs réunions plénières ou partielles par un groupe formé outre Danielle et Martine, d’Antonine (G3), Gisèle (G2), Joëlle (G2), Teresa (G1).

Un grand Merci à vous !!

Notons que Florence Camoin, directrice du Théâtre de Saint-Maur, présente pendant toute la durée de la séance, nous a chaudement félicités et est demandeuse de recommencer, éventuellement plusieurs fois dans l’année.

Réjouissons nous de ce sentiment général qui, sans doute, va contribuer à la réputation de notre club de lecture.

Billet rédigé par Claude

1/ Origines et place dans l’oeuvre de Camus

C’est Jean Grenier, professeur de philosophie au lycée d’ Alger en 1ère supérieure (# hypokhâgne) qui a fait lire à son élève AC « les 12 Césars » de l’historien romain Suétone où figure la biographie de Caïus Caligula 3ème empereur romain (12 -41 après JC), qui aura régné 4 ans avant d’être assassiné. Il y est décrit comme un tyran sanguinaire, débauché et déséquilibré .

Albert Camus en a fait un héros de l’absurde, composante théâtrale de ce qu’il dénomme lui-même le cycle de l’absurde, triptyque formé, outre de la pièce « Caligula », de l’essai : « Le mythe de Sisyphe » et du roman « L’étranger  » Voici comment il résume cette oeuvre dans sa présentation de l’édition américaine : « Caligula, prince relativement aimable jusque-là, s’aperçoit à la mort de Drusilla, sa soeur et sa maîtresse, que le monde tel qu’il va n’est pas satisfaisant. Dès lors, obsédé d’impossible, empoisonné de mépris et d’horreur, il tente d’exercer, par le meurtre et la perversion systématique de toutes les valeurs, une liberté dont il découvrira pour finir qu’elle n’est pas la bonne »,

Il faut absolument distinguer le personnage mythique créé par Camus du Caligula historique, du moins celui décrit par Suétone, qui fait d’ailleurs l’objet de discussions entre spécialistes. Il semble bien que ce soit une maladie mentale et non le décès de Drusilla qui explique la transformation d’un empereur initialement bien reçu par ses sujets en ce personnage sanguinaire.

C’est bien cette distance que semble impliquer la didascalie du texte de Camus :  » Décor, tout est permis, sauf le genre romain ». D’autre part, il écrit, dans la rédaction de 1939 : « En dehors des « fantaisies » de Caligula, rien n’est ici historique ».

On se doit également d’indiquer que l’avènement du Caligula historique est le résultat de la lutte à mort entre les deux branches des successeurs d’Auguste où le meurtre -souvent par empoisonnement- était le moyen courant d’éliminer la concurrence.

On doit observer l’importance que semble avoir revêtue le personnage de Caligula dans le parcours personnel de Camus. qui esquisse le plan de la pièce dès 1937 sous le titre de Caligula ou le sens de la mort – année de la publication de sa 1ère oeuvre : » l’Envers vaut l’endroit « .

Il commence d’écrire ce texte en 1938, 2 ans après avoir créé la troupe d’amateurs : « Le théâtre du travail » . Il a 25 ans, âge de Caligula lors de son couronnement. Il projette d’y jouer le rôle titre. Il parle constamment de Caligula à ses proches et appelle ses chats « Cali » et « Gula » mais aussi les deux chats intervenant dans son premier Roman « La mort heureuse », qu’il abandonnera pour se consacrer en particulier à la rédaction de Caligula. Mais il traverse aussi une grave crise morale, car empêché de se présenter à l’agrégation de philosophie pour cause de tuberculose. Alors qu’il aime ce monde et la vie, plein d’espoir de se réaliser, sa maladie l’empêche de satisfaire ce besoin d’absolu qu’il va ensuite prêter à son personnage.

Comme l’indique Pierre-Louis Rey dans sa préface, Jean Grenier témoigne de ce que Camus a gardé jusqu’au bout « sa « fixation au meurtre  » et cette violence intérieure qui animait son Caligula où il voyait en 1937 « le sens de la mort » .

2/ Résumé de l’oeuvre

Environ un an après l’accession au trône de Caligula, le décès de Drusilla, soeur et amante de Caligula l’affecte particulièrement. Il disparaît 3 jours sans avertir quiconque. A son retour il constate que « les hommes meurent et ne sont pas heureux » . Cette prise de conscience de l’absurdité du monde en contradiction avec son aspiration au bonheur et plus largement à l’absolu et au pouvoir sur le monde l’amènent à imposer à son entourage politique et au peuple une dictature aussi démentielle que sanglante. Il croit y trouver à la fois l’absolu de la toute puissance et la liberté. Il se voit l’égal des dieux .

Les principales manifestations de cette démence sanguinaire sont

– La décision de tuer les patriciens (ou sénateurs) les plus riches afin de prendre possession de leurs biens

– l’organisation de la famine du peuple pour illustrer son pouvoir absolu de l’affamer ou de le nourrir selon sa fantaisie.

– l’humiliation et le meurtre de membres du Sénat et de bien d’autres victimes coupables ou non, cela n’a pas d’importance (au besoin, on exécute le bourreau)

– l’organisation de spectacles grotesques

– théâtre dans le théâtre

– la reconstitution de l’Olympe avec apparition de Caligula costumé en Vénus

– Concours de poésie,

Ce comportement bouleverse totalement les valeurs de la société romaine, en particulier sa négation iconoclaste, c’est le cas de le dire, des Dieux qui l’amène par exemple à remplacer sur les statues qui les célèbrent leur tête par la sienne. Il crée un désordre spectaculaire inacceptable de la part des notables (les patriciens sénateurs et les intellectuels). Il anéantit l’ordre social et introduit l’anarchie. C’est l’origine du complot qui lui sera fatal dont il est parfaitement informé mais qu’il ne cherchera pas le moins du monde à entraver, suicide accepté dans la droite ligne des premières pages du « Mythe de Sisyphe ».

Ses dernières paroles sous les coups de ses meurtriers sont :  » Je suis encore vivant » , qui devaient précéder un épilogue finalement abandonné qu’il mentionne dans ses carnets en faisant ré-apparaître Caligula devant le rideau pour dire : « Non, Caligula n’est pas mort. Il est là, et là. Il est en chacun de vous. Si le pouvoir vous était donné, si vous aviez du coeur, si vous aimiez la vie, vous le verriez se déchaîner, ce monstre ou cet ange que vous portez en vous. Notre époque meurt d’avoir cru aux valeurs et que les choses pouvaient être belles et cesser d’être absurdes. Adieu, je rentre dans l’histoire où me tiennent enfermé depuis si longtemps ceux qui craignent de trop aimer. »

Ces paroles en disent long sur l’ambiguïté de cet amour de la vie, qui caractérise particulièrement la personne de Camus, amour de la vie qui peut faire se déchaîner, mis sur un même plan, le monstre ou l’ange ! Amour ou du moins fascination de la mort « Quand je ne tue pas, je me sens seul. »

Dans la préface Pierre-Louis Rey critique l’absence de progression dramatique, aucun des personnages ne modifiant son comportement au cours de la pièce, ce qui n’est pas le cas des « Justes » par exemple. Plutôt que d’une pièce de théâtre ce texte ne représente-t-il pas simplement l’évocation et l’analyse d’un personnage métaphysique ? Fallait il écrire une pièce pour cela ?

Les relations qu’il vit avec ses proches éclairent une personnalité complexe qui ne se réduit ni à sa démence ni à sa cruauté. Ce sont : son confident Hélicon ancien esclave affranchi par Caligula qui, le protégera jusqu’à la fin, sa maîtresse Cæsonia qui lui est soumise jusqu’à accepter la mort de ses mains. Scipion, jeune poète dont Caligula a tué le père, qui communie un moment avec lui dans l’exercice de la poésie.

3/ Caligula, lien entre quête de l’absolu, liberté et mort

Situé à la tête de l’État alors le plus puissant de tous les temps, y exerçant sans contre-pouvoirs une autorité absolue, ayant droit de vie et de mort sur ses sujets ce dans une période de paix et de prospérité, Caligula, jeune empereur de 24 ans, aspire au bonheur, à la liberté, à la réalisation de ses désirs, à l’immortalité.

Plus que tout autre, habitué qu’il est à cette toute puissance et c’est bien sûr la raison du choix par Camus du personnage de Caligula, il va être sensible à ce monde absurde qui contrarie ses aspirations, qui les rend impossibles. Il est en quête de réalisation de l’impossible – sa « volonté de lune  » lectures page 45-48 dialogue avec Hélicon page 62-64 Dialogue avec Cæsonia La mort de Drusilla est le signe d’une vérité qui rend la lune nécessaire : que les hommes meurent et ne sont pas heureux. Il ne veut pas s’arranger avec cette vérité et vivre dans le mensonge. Il va devenir professeur de vérité . Il ne peut faire que le soleil se couche à l’est, que la souffrance décroisse et que les gens ne meurent plus.

Il va trouver sa liberté en devenant générateur d’absurde vis à vis de ses sujets afin qu’ils en prennent conscience et retrouvent eux aussi la liberté.

Il dit page 119 : « On ne comprend pas le destin et c’est pourquoi je me suis fait destin . J’ai pris le visage bête incompréhensible des Dieux »

C’est ce qu’exprime Cherea : p 205 : « Caligula vivant je suis tout entier livré à l’arbitraire et à l’absurde, c’est à dire à la poésie « 

Exemples : Il condamnait les prisonniers aux bêtes indistinctement ou tranchait les têtes en tirant au hasard, innocents ou coupables. Il se fait pur aléa il assure le rôle de la Fortune. Ils sont tous coupables donc tous exécutables. Autre exemple libération d’otages, puis il les fait poursuivre et exterminer par la cavalerie Sa liberté lui permet d’aller jusqu’au bout , celle qui aspire à l’impossible. elle est la mieux placée pour se révolter contre l’absurdité de la condition humaine.

4/ Évolution du texte

Le texte initial manuscrit de 3 actes esquissé de 1939 reçoit de nombreux ajouts , dont un acte supplémentaire pour publication en 1941 par James Arnold. 1ère édition en 1944 première représentation en France de 1945 (avec Gérard Philipe et Michel Bouquet ) .

1947 : ajout de la scène 4 de l’acte III et des scènes 1 et 2 de l’acte IV de et, au delà, en 1957 et 1958.

Ces modifications enregistrent tout d’abord une prise de distance croissante d’Albert Camus par rapport à la conception initiale du personnage dont la cruauté relevait alors de la perversion d’une aspiration à l’absolu. Après la publication de 1941, le discours de Caligula s’infléchit : « Tuer n’est peut-être pas la solution  » dit-il alors après le meurtre de Caesonia, puis juste avant que les comploteurs ne surgissent : « Je n’ai pas pris la voie qu’il fallait. Ma liberté n’est pas la bonne ». Par ailleurs, en 1947 augmentation du rôle de Cherea comme résistant

Par ailleurs, dans la première version Caligula exprime sa douleur comme motif de son désespoir beaucoup plus intensément (monologue de la scène 4 de l’acte 1 p193- répliques à Cæsonia scène 10 p 199 )

Au contraire dans la version la plus moderne, sa réplique scène 11 pp 60-61 : « mais qui te parle de Drusilla folle ?  » Les hommes pleurent parce que les choses ne sont pas ce qu’elles devraient être » montre que l’on passe donc d’un pur chagrin d’amour à un désespoir métaphysique. Cependant, cette prise de distance est-elle suffisante pour éviter une contradiction interne au personnage de Caligula ou au moins une ambiguïté qui demeure au coeur de la pièce. ? En effet l’aspiration à l’absolu du Caligula dernière version cohabite cependant avec l’exécution de ce qu’on qualifie aujourd’hui de crimes contre l’humanité.

Mais n’est-ce pas cette ambiguïté, voire le mystère de cette cohabitation qui rend le personnage de Caligula intellectuellement aussi fascinant ?

5/ Théâtralité

Ce texte est théâtral et poétique. Théâtral parce que introduction du théâtre dans le théâtre. Caligula met sa vie en scène. L’expression de ses positions, ses agressions, ses meurtres sont spectaculaires. Son comportement et certaines de ses paroles sont poétiques

Le personnage de Caligula est au carrefour de plusieurs lectures : Pervers, incarnation du mal, ange exterminateur, dictateur dément, héros de l’absurde, stratège politique, amoureux romantique. Il conserve une part d’ambiguïté et de mystère. En cela il est vivant, comme; il le proclame à la fin de la pièce.

En conclusion , je reproduis ici l’appréciation d’ André Durand du blog »comptoir littéraire », que je fais totalement mienne :

« Caligula est donc un personnage riche, complexe, démesuré, mi-ange midémon qui joue tous les registres d’émotion, de la joie nietzschéenne de I’exaltation dionysiaque à une douleur qui, au-delà du cynisme affiché, est très palpable ; de la folie enfantine à la terrible intelligence, qui ne s’annulent pas l’une l’autre mais se combinent pour s’investir d’une portée philosophique ; de la violence effrénée à la faiblesse pathétique, se couvrant de meurtres et de débauche pour oublier sa douleur de vivre ; incarnant plusieurs facettes de la nature humaine, gardant un mystère nourri de ses contradictions, suscitant autant de répulsion que de fascination….. »

Billet rédigé par Claude

L’intérêt de Camus pour le théâtre est précoce et constant, même s’il n’a écrit que quatre pièces.

Dès 1936, à 22-23 ans, il crée à Alger un Théâtre du Travail, avec des étudiants, des artistes et des ouvriers, marxistes et militants. Après sa rupture avec le Parti Communiste, le théâtre devient Théâtre de l’Equipe, il se réclame de Jacques Copeau, et sa vocation n’est plus politique.

En 1937, il écrit avec trois amis Révolte dans les Asturies, pièce antifranquiste qui sera interdite. Il est aussi acteur, dans la troupe itinérante de RadioAlger, et fait de premières adaptations.

Il travaille dès 1937-38 à l’écriture de Caligula, qui ne sera représenté qu’après la Libération, en 1945, à Paris, avec Gérard Philipe et Michel Bouquet, dans une mise en scène de Paul Oettly, et surtout dans une version remaniée par l’auteur sous l’effet de la guerre et de l’Occupation.

Il y retravaillera encore pour le festival d’Angers de 1957.

La pièce Le malentendu, écrite plus tard, en 1941, a pourtant précédé Caligula sur la scène, puisqu’elle a été créée en 1944, avec entre autres Maria Casarès, dans une mise en scène de Marcel Herrand. Camus s’y inspire d’un fait divers relaté dans la presse en 1935, qui l’a assez frappé pour qu’il l’évoque aussi dans L’Etranger (1942): un homme devenu riche revient avec la femme qu’il aime dans son village natal, où sa mère et sa soeur tiennent une auberge; il n’est pas reconnu, ne se dévoile pas, et sera tué par les deux femmes, comme les autres voyageurs anonymes qui s’égarent dans cette contrée sans soleil qu’elles voudraient désespérément fuir: « Car on ne peut appeler patrie, n’est-ce pas, cette terre épaisse, privée de lumière, où l’on s’en va nourrir des animaux aveugles », dit Martha, la fille. La pièce est mal reçue, à cause de sa noirceur et de son langage. Camus se défend, en 1957: « Tout aurait été autrement si le fils avait dit : C’est moi, voici mon nom. Cela revient à dire que dans un monde injuste ou indifférent, l’homme peut se sauver lui-même, et sauver les autres, par l’usage de la sincérité la plus simple et du mot le plus juste. » Il a cherché, écrit-il encore, à « faire parler le langage de la tragédie à des personnages contemporains ».

A ces deux pièces considérées comme faisant partie du cycle de l’absurde, succèdent celles qu’on dira être du cycle de la révolte:

L’Etat de siège a été créé en 1948 dans une mise en scène de JeanLouis Barrault, avec une musique de Arthur Honegger et des décors de Balthus.

La « peste », sous le visage d’un jeune tyran, répand la terreur à Cadix, ville insouciante et alanguie. Le couple amoureux de Diego et Victoria vaincra la peur et résistera à la violence, au prix de la mort de Diego. La pièce, drame allégorique en un acte, mêlant de nombreux registres à la façon de l’auto sacramental espagnol des XVI ème et XVIIème siècles, fut mal accueillie. « Il est (..) inutile d’accuser mes personnages d’être symboliques. Je plaide coupable. Mon but avoué était d’arracher le théâtre aux spéculations psychologiques et de faire retentir sur nos scènes murmurantes les grands cris qui courbent ou libèrent aujourd’hui des foules d’hommes. (..) Il est intéressant de noter que cette pièce sur la liberté est aussi mal reçue par les dictatures de droite que par les dictatures de gauche », écrit Camus en 1957.

Les Justes, créé un an plus tard, avec Maria Casarès, Michel Bouquet, Serge Reggiani, dans une mise en scène de Paul Oettly, reprend la question de la révolte. L’action a pour cadre la Russie de 1905 et concerne l’attentat contre le Grand Duc Serge, que de jeunes socialistes révolutionnaires préparent, puis exécutent, chacun taraudé par la question de ce qui justifie qu’il ajoute de l’injustice à l’injustice du monde dans l’espoir de vaincre celle-ci. Cette question était celle de Camus pendant la guerre, où il prend à partir de 1943 la direction de l’organe clandestin de résistance Combat. On la trouve exprimée, fouillée, creusée, développée dans ses conséquences les plus exigeantes, malgré l’urgence et l’incertitude du moment, dans les Lettres à un ami allemand, que Camus rédige entre juillet 1943 et juillet 1944.

Le travail sur L’homme révolté, vaste essai publié en 1951, qui déclenche une violente polémique avec Sartre et l’équipe des Temps modernes, la blessure que leur mépris inflige à Camus, sont peut-être, avec l’accueil mitigé de sa dernière pièce, une cause de l’arrêt de la production ersonnelle de Camus pour le théâtre. Il est aussi bientôt requis ailleurs, par la guerre en Algérie, qui le déchire. A partir de ce moment, il n’écrit plus que des adaptations pour le théâtre:

  • Le Temps du Mépris, d’après Malraux
  • La Dévotion à la Croix, d’après Calderón ( 1953 )
  • Les Esprits, d’après Larivey ( 1953 )
  • Un cas intéressant, d’après Buzzati ( 1955 )
  • Requiem pour une nonne, d’après Faulkner ( 1956 )
  • Le Chevalier d’Olmedo, d’après Lope de Vega ( 1957 )
  • Les Possédés, d’après Dostoïevski ( 1959 ).

Il envisage de fonder une compagnie et est pressenti par le Ministre de la Culture André Malraux pour prendre la direction d’un grand théâtre, lorsque survient sa mort accidentelle en janvier 1960.

1935-1960: 25 ans, donc, au service du théâtre, comme acteur, auteur, metteur en scène… Dans une interview de 1945, il dit: « Il y a 20 ans que le théâtre sous toutes ses formes me passionne et m’instruit. » Il a donc ce goût dès 11-12 ans… Dans un entretien télévisé de 1959, il déclare qu’il aime le théâtre « parce qu’une scène de théâtre est un des lieux du monde où je me sens heureux. » Il aurait dit à Maria Casarès: « Je me retrouve innocent au théâtre ».

Faut-il rappeler qu’il n’a pas fait l’unanimité sur son oeuvre ? Juan Goytisolo nous replonge, dans Les Royaumes déchirés, dans le Paris intellectuel des années 50; il y fréquente ce qu’il appelle « la bande de Mascolo », qui se réunit chez Marguerite Duras: « A leurs yeux, écrit-il, Camus symbolisait le moralisme creux et abstrait ». Il a aussi connu Jean Genet, lui totalement à l’écart de ces cercles parisiens, mais dont le jugement n’est pas moins sévère: « Les auteurs qui tiennent alors le haut du pavé Malraux, Sartre, Camus ne l’intéressent absolument pas. la littérature d’idées, dit-il, n’est pas de la littérature (…). Leur langage est lisse, conventionnel, prévisible: il part de quelque chose de connu pour arriver à quelque chose d’également connu. Leur entreprise n’est pas une aventure mais un simple trajet d’autobus. Alors, pourquoi tant d’efforts? » (Les Royaumes déchirés, éd. Fayard, p. 156 )

Le jury du Prix Nobel, lui, décerne son prix en 1957 à Camus, pour son « oeuvre littéraire qui met en lumière les problèmes se posant de nos jours à la concience humaine ». Le jury n’est pas infaillible, mais les mots qu’il utilise là sont tous à leur place. Les problèmes que l’orphelin de guerre, boursier par la grâce d’un instituteur intelligent et engagé, rencontre face aux bourgeois d’Alger, face au franquisme qui abîme le pays d’origine de sa famille maternelle, face à l’injustice de la misère en Kabylie sur laquelle il enquête, il y fait face par l’amour de la lumière de son pays, par la découverte de la philosophie, de Nietzsche en particulier et de la mort de Dieu qui laisse les hommes orphelins de tout sens transcendant et vertigineusement libres, par l’engagement marxiste suivi de la désillusion, par l’engagement dans l’aventure d’un théâtre exigeant dans la lignée de Copeau, enfin par l’engagement dans la résistance à l’occupation nazie. On peut difficilement faire de cette recherche acharnée de justice et de bonheur dans la conscience aiguë de leur incompatibilité « un simple trajet d’autobus ».

Un extrait des Lettres à un ami allemand pour conclure, sur justement l’impossible clôture de cette recherche et son caractère tragique:

« Il fallait selon vous choisir entre Hamlet et Siegfried. A l’époque, je ne voulais pas choisir et surtout il ne me paraissait pas que l’Occident fût ailleurs que dans cet équilibre entre la force et la connaissance. Mais vous vous moquiez de la connaissance, vous parliez seulement de puissance. Aujourd’hui, (…) nous avons en effet admis l’idée que, dans certains cas, le choix est nécessaire. Mais notre choix n’aurait pas plus d’importance que le vôtre s’il n’avait été fait dans la conscience qu’il était inhumain (…). » ( éd. folio, p.5960)

En écho, contemporain, venu d’un tout autre horizon, écho avec dissonances, un extrait de A ceux qui naîtront après nous, de Bertolt Brecht ( Poèmes 4, éd. L’Arche, 1966, p. 139 ):

« Vous qui émergerez du flot

Dans lequel nous aurons sombré,

Pensez

Quand vous parlerez de nos faiblesses

Aux sombres temps

Dont vous serez sortis.

Car nous allions, changeant plus souvent de pays que de souliers,

A travers les luttes des classes, désespérés,

Quand il n’y avait qu’injustice et pas de révolte.

Et nous le savons pourtant:

Même la haine de la bassesse

Déforme les traits.

Même la colère contre l’injustice

Rend rauque la voix. Ah! nous,

Qui voulions préparer le terrain pour un monde amical,

N’avons pas pu être amicaux.

Mais vous, quand on en sera là,

Que l’homme sera un ami pour l’homme,

Pensez à nous

Avec indulgence. »

Pour plus d’info, http://webcamus.free.fr/

Billet rédigé par Dominique

Pièce en 5 actes écrite en 1949. Camus s’est inspiré d’un événement historique.

ACTE I

L’action se passe en Russie en 1905. Un groupe de terroristes appartenant au Parti Socialiste Révolutionnaire se réunit pour préparer un attentat contre le Grand-Duc Serge, oncle du Tsar et, donc, symbole d’un pouvoir sans limites. Il y a là Annenkov, le chef du groupe, Stepan, récemment évadé du bagne, Dora, la seule femme, qui est chargée de préparer la bombe, Voinov et Kaliayev, le plus jeune, qui a été choisi pour lancer la bombe. Ils se présentent comme « des frères, confondus les uns aux autres, tournés vers l’exécution des tyrans, pour la libération du pays ! » (p.34). Des tensions apparaissent d’emblée entre Kaliayev, jeune et idéaliste et Stepan, qui a déjà souffert, connu la torture dans les prisons du Tsar. Dora met Kaliayev en garde sur la difficulté de tuer un homme.

ACTE II

Tout est prêt pour l’attentat qui échoue cependant parce que Kaliayev, ayant vu des enfants dans la calèche du Grand-Duc, n’arrive pas à lancer la bombe. Stepan et Kaliayev s’affrontent violemment et, à travers eux, ce sont deux visions de la révolution qui s’affrontent. « Quand nous nous déciderons à oublier les enfants, ce jour-là, nous serons les maîtres du monde et la révolution triomphera » (p.59) « On l’imposera à l’humanité entière pour la sauver d’elle-même et de son esclavage » dit Stepan. Kaliayev, lui, voit s’annoncer, derrière cette conception de la révolution, un despotisme qui fera de lui un assassin alors qu’il essaie d’être un justicier. (p.63). Idéaliste, il veut bâtir un monde où plus personne ne tuera. Il croit à l’honneur. « Tuer les enfants est contraire à l’honneur » (p. 65). Stepan, considère, lui « l’honneur comme un luxe réservé à ceux qui ont des calèches ». Derrière cette remarque se profile, d’ailleurs, une référence aux origines aristocratiques de Kaliayev, qui peuvent également expliquer l’animosité de Stepan à son égard.

ACTE III

Dans cet acte les personnages apparaissent dans toute leur humanité. Voinov, qui était prêt à lancer une deuxième bombe le premier soir, a peur et ne s’en sent plus capable. Dora et Kaliayev s’aiment mais cet amour est impossible. « Nous ne sommes pas de ce monde, nous sommes des justes. »(p.88) « Il faut du temps pour aimer. Nous avons à peine assez de temps pour la justice. » (p.90). Kaliayev réussit à lancer sa bombe et à tuer le Grand-Duc.

ACTE IV

Le IVème acte est le seul moment de pièce où les révolutionnaires sont confrontés à des personnages qui ne font pas partie de leur groupe. En prison, Kaliayev rencontre le bourreau. Il l’appelle « frère », mais le forçat manifeste son incompréhension. « Tu es barine. » « Tu n’avais qu’à rester tranquille et tout allait pour le mieux. La terre est faite pour les barines ». (p.100) Il reçoit ensuite la visite de Skouratov, directeur du département de police, qui oppose son cynisme à l’idéalisme de Kaliayev. « J’ai lancé la bombe sur votre tyrannie, non sur un homme. » « Sans doute. Mais c’est l’homme qui l’a reçue. Et ça ne l’a pas arrangé » (p.109). Enfin, la Grande-Duchesse demande à le voir ; elle pleure la perte de l’homme qu’elle aimait, mais elle veut le sauver, le faire prier, « le ramener à Dieu » (p.123). Malgré le refus de Kaliayev de demander la grâce du Tsar, Skouratov lui annonce qu’il fera publier la nouvelle de l’entrevue avec la Grande-Duchesse, en consignant l’aveu de son repentir pour que ses camarades pensent qu’il a trahi.

ACTE V

Les révolutionnaires sont de nouveau réunis dans un appartement. Ils ont appris que la pendaison de Kaliayev doit avoir lieu cette nuit-là. Stepan doute, mais Dora sait que, contrairement aux bruits qu’on a fait courir, il n’a pas demandé sa grâce. « S’il meurt (…) vous le croirez et vous pourrez l’aimer encore » (p.132). Récit par Stepan et Voinov de la pendaison de Kaliayev. Dora obtient de lancer la prochaine bombe, pour le suivre dans la mort, car elle est sûre « qu’il a reçu le bonheur en même temps que la mort ».

Tous les personnages de la pièce sont confrontés au terrible choix de donner la mort dans leur quête d’un monde meilleur, choix qui peut les mener jusqu’au sacrifice de leurs existences. La question que la pièce nous pose est « Le crime à des fins politiques peut-il être légitimé ? »

Ils doutent parfois. Kaliayev sait « qu’il n’y a pas de bonheur dans la haine » (p.83), « la haine qui pesait sur ces âmes exceptionnelles comme une intolérable souffrance », nous dit Camus dans son introduction. Ils ont conscience que le meurtre est un acte méprisable qui les rend tous coupables. Cependant, ils ne mettent pas en doute la justesse de leur cause, la lutte contre le despotisme et la tyrannie (p.42). « Nous tuons pour bâtir un monde où plus personne ne tuera. »(p.37). « La Russie sera heureuse ». (p.79). Ils se battent pour l’idée de révolution, sachant qu’ils vont aussi mourir pour cette idée. « Mourir pour l’idée est la seule façon d’être à la hauteur de l’idée. C’est la justification. »(p.38).

Tous trouvent dans leur groupe une fraternité qui compense les sacrifices qu’ils ont dû consentir en quittant tout pour se battre. L’idée de justice est également très présente dans la pièce. (cf. le titre). Kaliayev et Dora se considèrent, nous l’avons déjà vu, comme des justes. Kaliayev tue le Grand-Duc parce qu’ « il incarnait la suprême injustice, celle qui fait gémir le peuple russe depuis des siècles ». (p.116) Skouratov, le policier cynique, avertit « On commence par vouloir la justice et on finit par organiser une police ». (p.107). Le Grand-Duc aussi parlait de justice, selon le témoignage de la Grande-Duchesse : « Tous les hommes prennent le même ton pour parler de la justice ». (p.116). Mais le mot a-t-il le même sens pour tous les hommes ? Et, parce que les terroristes sont des hommes et que les hommes ont parfois peur, les thèmes de la peur, de la lâcheté qui sont le revers de leur courage, sont aussi des thèmes récurrents (Par ex. pp. 55 -78 -81), qui participent à la richesse de cette pièce magnifique.

Billet rédigé par Teresa

Présents : Christiane, Claude, Aline K, Bernard, Patrice

Excusé(e)s : Erica , Fabienne C

 1/ Nouvelles adhésions

Leasm compte de nombreuses nouvelles adhésions :

Groupe 3 : Aline B., Angelina , Barbara, Nathalie , Arlette , Fabienne O. Nicole M., Françoise B .

Groupe 2 : En cours : Anne –Marie B. , Isabelle H. , Djeneba

Groupe Polar :   Adhésions en « interne » pour l’instant : , Marie-Claire , Bernard , Anne-Marie M , Jacqueline , Annie , Nicole L.

                             Adhésion externe : Nadine

La question des messages d’informations intra-groupes est posée ainsi que celle des mailing-list .

Une séance de « formation » des animateurs de groupes semble nécessaire et devrait se dérouler le samedi 3 décembre de 14h30 à 16h (lieu à déterminer)

Patrice se propose d’être « administrateur de listes » , ce qui permettra la mise à jour régulière des coordonnées des adhérents LEASM . Claude lui adresse les coordonnées mail des nouveaux adhérents.

2/Bilan de la journée des Associations

35 personnes se sont inscrites, comme potentiellement intéressées.

Une journée de présentation de l’association leur sera proposée en janvier à la Bibliothèque .

Le Directeur de la Bibliothèque pourra être associé à cette présentation et les membres de tous les groupes seront invités.

 3/Séance publique CALIGULA du 19/11 de 15h30 à 17h30

Le groupe de travail composé de 7 personnes a arrêté un Plan de déroulement de la séance :

a-Musique

b- Préambule de Bienvenue et présentation de LEASM , de la Séance « Caligula » ainsi que du conférencier

c- « présentation » de Camus par Martine

d- résumé de la pièce par Danielle

Une sono d’archive est prévue avec passage de la pièce lue par CAMUS

e- lancement du débat avec le conférencier Eugène Kouchkine qui fera une conclusion d’environ 15’.

A NOTER : le groupe 1 se réunit le 4/11 autour du théâtre de Camus ; les pièces « LES JUSTES » et « CALIGULA » seront présentées.

4/ Préparation de la demande de subvention à la Mairie de Saint –Maur

Il est prévu d’adresser une demande majorée par rapport à l’année dernière compte tenu de l’extension de l’association ( de l’ordre de 400 ou 450 euros ) au Responsable des Associations ainsi qu’au Responsable culturel de la Mairie .

5/ Plainte à l’encontre de LEASM pour plagiat

Les écrits sur le BLOG posent la question de la propriété intellectuelle .

Chaque rédacteur d’un article destiné au BLOG LEASM doit veiller à citer ses sources

Billet rédigé par Aline K